Emmenée par les nationalistes hindous, l’Inde rebaptise de nombreuses villes aux consonances islamiques.
Cette année, plus de 25 villes ont fait les frais de cette stratégie linguistique visant à les rendre plus « hindoues » dont Allahabad, haut lieu de pélerinage mais datant des conquérants musulmans.
Pour renouer avec ses racines hindoues antérieures, Allahabad sera désormais « Prayagraj ».
Pour Narendra Modi et son parti le BJP, il s’agit de se « reconnecter avec le glorieux passé » de l’Inde.
Depuis l’indépendance, plus de 100 villes ont été rebaptisées. Bombay est devenue Mumbai, Calcutta Kolkata, Pondichéry Puducherry , Madras Chennai et Vriddhachalam Viruthachalam! Ces mesures sont une réaction contre les anciennes présences impérialistes. Et derrière ces batailles orthographiques se joue la volonté des Indiens de se réapproprier leurs langues locales et leur histoire.
A présent, les dirigeants du BJP envisagent de changer le nom d’Agra (Taj Mahal) mais aussi d’Ahmedabad, la capitale du Gujarat.
L’idéologie hindouiste est en conflit avec l’héritage islamique et les invasions mogholes. Effacer les noms musulmans des villes s’apparente à une contre-attaque ou à une revanche d’après l’historien Arvind Sinha.
L’opposition dénonce « une menace » portée à l’identité multiconfessionnelle de l’Inde.
De l’érection de statues géantes aux noms des nouvelles lignes de trains, un travail minutieux aide à bâtir une Inde qui réinvente et glorifie sa mythologie hindoue.
extrait d’un article de Vanessa Dougnac.